Le dernier "poilu" de la guerre de 1914-1918 est mort mercredi à l'âge de 110 ans à son domicile du Kremlin-Bicêtre, près de Paris, ont annoncé l'Elysée et le secrétariat d'Etat aux Anciens combattants.
"J'exprime aujourd'hui la profonde émotion et l'infinie tristesse de l'ensemble de la Nation, alors que disparaît Lazare Ponticelli, dernier survivant des combattants français de la Première guerre mondiale", a déclaré le président Nicolas Sarkozy dans un communiqué.
"Un hommage national à l'ensemble des Français mobilisés durant la Première guerre mondiale sera rendu dans les prochains jours", a ajouté le chef de l'Etat.
Nicolas Sarkozy, précise l'Elysée, participera à cet "hommage national" qui aura lieu aux Invalides, à Paris, et devrait prendre la forme d'une messe, conformément aux voeux de Lazare Ponticelli.
Lazare Ponticelli avait longtemps refusé l'idée d'obsèques nationales, dans lesquelles il voyait une injure aux victimes de la "Grande guerre" qui n'ont pas eu cet honneur.
Il a cependant changé d'avis après le décès le 20 janvier de l'avant-dernier poilu français, Louis de Cazenave.
Dans une interview au Parisien, il a alors dit accepter des obsèques nationales "au nom de tous ceux qui sont morts" en 1914-18 mais à condition que ce soit "dans la dignité, sans tapage important ni grand défilé".
Dans la même interview, il souhaitait qu'une messe soit dite aux Invalides "en hommage à (ses) camarades morts" et précisait vouloir être inhumé dans le caveau familial, dans le cimetière d'Ivry-sur-Seine, près de Paris.
"Je ne pense qu'à tous mes frères d'armes qui sont tombés. C'est à eux que les honneurs reviennent. Je ne suis que leur humble représentant ayant eu la chance de survivre. Moi je suis passé au travers de la guerre injuste et horrible", disait-il.
"J'espère que la jeunesse d'aujourd'hui n'oubliera pas les combattants des deux guerres qui ont sacrifié leur vie afin qu'elle puisse vivre dans une France libre", ajoutait-il à l'adresse des jeunes générations.
ENGAGE DANS LA LEGION A 16 ANS
Cet homme d'origine italienne, rappelle Nicolas Sarkozy dans son communiqué, était venu à Paris "pour gagner sa vie" et avait "choisi de devenir français".
En 1914, il avait triché sur son âge pour s'engager à 16 ans dans la Légion étrangère et défendre sa patrie d'adoption sur le front de l'Argonne, avant de combattre en Italie.
En 1921, il décide de s'établir définitivement en France. Il demande et obtient la nationalité française en 1939, lors du déclenchement du second conflit mondial, au cours duquel il sera actif dans la Résistance.
Dans son communiqué, le chef de l'Etat rend hommage à cet entrepreneur dont la société, créée une fois la paix revenue, "emploie aujourd'hui plusieurs milliers de personnes".
"Lazare Ponticelli pensait devoir beaucoup à la France. J'affirme aujourd'hui que c'est notre pays qui lui est redevable car il lui a donné le meilleur de lui-même dans les heures les plus sombres comme dans les jours heureux", écrit-il.
"C'est à lui et à sa génération que nous devons en grande partie l'Europe pacifique et pacifiée d'aujourd'hui. A nous d'en être digne", ajoute le chef de l'Etat, qui adresse à la famille du dernier poilu les "condoléances de la Nation".
Nicolas Sarkozy dit s'incliner, à travers Lazare Ponticelli, devant les 8,5 millions de "poilus" qui "répondirent avec un courage quotidien admirable à l'appel de la patrie envahie".
"Nous avons le devoir de marquer notre gratitude envers l'ensemble des combattants de tous grades, de toutes origines, de toutes confessions, qui ont offert la victoire à la France", ajoute le président de la République. "Nous avons le devoir de nous souvenir qu'en dépit de la mort de 900 soldats par jour pendant plus de quatre ans, notre pays a tenu jusqu'au bout."
Avec Lazare Ponticelli et Louis de Cazenave, la France a perdu en un mois et demi ses deux derniers acteurs directs de cette guerre meurtrière.