Alors que
GTA IVcasse la baraque en rapportant des centaines de millions de dollars à
son éditeur, certains acteurs des personnages principaux du jeu élèvent
la voix pour dénoncer des cachets qu'ils jugent a posteriori
insuffisants. Il faut savoir que dans l'industrie du jeu vidéo, un
acteur ne touche pas de royalties et ne bénéficie pas des retombées
éventuelles d'un succès commercial. Son travail est considéré comme une
prestation ponctuelle ne donnant pas lieu à une rémunération
subséquente.
Mickael Hollick, alias Niko Bellic, estime dans le New York Times du
21 mai 2008 que les 100 000 dollars qu'il a touchés pour 15 mois de
travail sont dérisoires en comparaison du succès du jeu. Et de
commenter : "C'est dur, quand ils se font des centaines de millions de
dollars, de ne pas en toucher un seul". Pour autant, l'acteur encore
inconnu il y a peu, n'en veut pas à Rockstar mais au système : "Je ne
blâme pas Rockstar, j'en veux à l'union des acteurs de ne pas avoir mis
en place des accords protégeant les gens créatifs qui font vendre un
jeu. Car si la technologie est importante, ce sont les performances
humaines qui attirent l'attention des gens, et j'espère que les acteurs
seront mieux respectés pour le travail qu'ils font ...".
Il est d'autant plus facile de comprendre l'amertume de Mickael
Hollick que sa voix a également été utilisée à des fins publicitaires :
"Nos contrats ne disent rien sur l'utilisation promotionnelle des voix
sur Internet. Le premier trailer de GTA IV a généré quelque chose comme
40 millions de clics. Il y a ma voix dessus et je n'ai rien touché. Si
ça avait été un spot radio, j'aurais été rémunéré. Même chose pour une
pub TV. ". Il est vrai qu'actuellement, le jeu vidéo, qui génère
pourtant les plus gros revenus de l'industrie des loisirs, est un média
qui paye mal. Pour s'en convaincre, il suffit de comparer le forfait de
100 000 dollars qu'a perçu l'acteur principal du jeu le plus rentable
de l'histoire avec les millions qu'a gagnés Angelina Jolie en prêtant
simplement sa voix à Kung Fu Panda. C'est une injustice flagrante que
l'industrie vidéoludique aurait tort d'ignorer si elle ne veut pas
devoir faire face dans un avenir proche à une grogne croissante des
acteurs.
Ryan Johnston, alias Patrick Mc Reary, se veut optimiste. Il pense
que "ce n'est plus qu'une question de temps avant que la rétribution
des acteurs ne soit alignée sur leur popularité". Mais il apparaît
pourtant que les grandes compagnies ne sont pas pressées d'en venir aux
royalties. Car si les acteurs obtiennent gain de cause, rien
n'empêchera ensuite les musiciens, les graphistes, les programmeurs et
finalement toute la chaîne de production, d'exiger leur part du gâteau.
Pour l'instant, les compagnies se cachent derrière des avocats dont les
arguments du genre "ça a toujours fonctionné comme ça" se font de plus
en plus fragiles. Alors après la révolte des scénaristes à Hollywood,
la révolution dans les jeux vidéo ?