LA MORT DE SIDNEY POLLACK
"Il s'inscrit dans un héritage classique du cinéma"
Qui était Sidney Pollack? Comment s'inscrit-il dans l'histoire du cinéma?
- Pollack fait partie de cette génération de cinéastes américains venus
de la télévision, à la fin des années cinquante, comme d'autres
d'ailleurs, Arthur Penn par exemple. C'est un phénomène très américain
; en France, c'est plutôt dans l'autre sens que les choses se font.
C'est quelqu'un qui a imposé dès les années 60 une vision, un univers,
et il a continué tant qu'il lui a été possible de concilier le succès
et l'ambition. Il a ainsi connu de grands succès, tout en restant
proche de ce qu'il voulait faire.
Quels sont les films qui vous ont particulièrement marqués?
- Je retiens "Propriété interdite" (1967), "Les trois jours du
Condor"(1975), dans un genre différent "Tootsie" (1982) et "Out of
Africa"(1985), un film extrêmement bien fait et séduisant. On pense
aussi à "Jeremiah Johnson"(1972), un peu moins connu. Ces films m'ont
marqués parce que c'étaient des films très exposés, où les stars
américaines travaillaient avec des grands cinéastes, sur des sujets
ambitieux, dont il n'était pas donné au départ qu'ils connaissent un
tel succès. Il y avait une qualité, la force du spectacle mise au
service de films qui parlaient du monde.
Les hommages se multiplient. L'œuvre qu'il laisse, éclectique, semble faire consensus...
- Ce n'est pas lié à la nature de l'œuvre. Quand les gens disparaissent
on leur rend hommage, c'était un grand du cinéma américain, dont les
films repassent régulièrement à la télévision, donc, c'est tout à fait
normal. Il n'y a pas de contestation sur le nom et l'œuvre, même si à
la fin, il était moins intéressant. Il l'était moins car entre temps,
Hollywood a changé : maintenant, les techniques de promotion et de
distribution ont permis de créer des succès mondiaux et immédiats, ce
qui réduit l'ambition des sujets. Il a plu, notamment avec "Out of
Africa", à la majorité, mais on ne peut pas dire qu'il était
consensuel, car ça n'avait pas le même sens qu'aujourd'hui.
Aujourd'hui, on s'adresse à des millions de personnes, ce qui n'était
pas le cas dans les années 60, 70, 80. Il s'inscrit dans un héritage
classique du cinéma, sans heurts. Les sujets, la manière de les
traiter, mais aussi son partenariat avec Robert Redford (avec lequel il
tourné sept fois) sont très importants, et ce partenariat a été très
fécond.