Enemy Territory : Quake Wars, voilà un nom qui
peut, à première vue, paraître étrange. D'un côté, Wolfenstein : Enemy
Territory, jeu multijoueur gratuit basé sur la Seconde Guerre mondiale,
dérivé de Return To Castle Wolfenstein. De l'autre, la série de FPS
Quake. A priori, peu de rapport entre ces jeux, si ce n'est que les
franchises appartiennent toutes deux à id Software. Voyons donc quel
goût a ce drôle de mélange.
En gros, le jeu reprend le gameplay de Enemy Territory, et le transpose
dans l'univers de Quake. Il s'agit donc toujours d'un FPS multijoueur
avec classes de soldats et objectifs dynamiques, nous y reviendrons en
détails un peu plus loin. Seul le contexte de Seconde Guerre mondiale a
été remplacé par celui de Quake, plus futuriste. Chronologiquement,
l'histoire se place avant celle de Quake 2, lors du début de l'invasion
de la Terre par les Stroggs en 2065. Face à ces belliqueux aliens
biomécaniques, la résistance s'organise sur la planète bleue autour de
la Global Defense Force (GDF), disposant d'un arsenal proche des armées
modernes. Les objectifs des deux factions en présence sont variés : sur
la map de la version bêta actuelle, la GDF doit détruire un
contaminateur d'eau potable mis en place par les Stroggs à Yosemite
Valley, en Californie, sous peine de voir la population se transformer
en zombies. De son côté, l'armée Strogg doit défendre le contaminateur.
Dit comme ça, cela pourrait paraître basique, mais le gameplay est en
fait très riche, sans être complexe pour autant.
Le HUD est très chargé en informations, mais la plupart se révèlent utiles.
Concrètement, la progression des attaquants se fait en plusieurs phases bien distinctes, organisées autour d'un objectif principal dont la
réalisation permet de faire avancer la ligne de front. Pour reprendre
l'exemple de la map Valley de la bêta en cours, la GDF doit d'abord
construire un pont, puis escorter un MCP (gros véhicule blindé) jusqu'à
un poste avancé. Là, le MCP lance un missile sur le bâtiment du
contaminateur, mais celui-ci est protégé par un bouclier. Il faut donc
pirater le bouclier pour pouvoir détruire le bâtiment et, enfin, le
contaminateur. Pendant ce temps-là les Stroggs ont évidemment des
objectifs opposés : empêcher les humains de construire le pont, bloquer
l'avancée du MCP, protéger le générateur de bouclier, etc. Pour
accomplir toutes ces tâches, les joueurs ont plusieurs choix de classes
à leur disposition, dont dépendent leur armement et leurs aptitudes.
Elles sont au nombre de cinq : soldat, médecin, ingénieur, field ops et
covert ops pour la Global Defense Force, et leurs équivalents dans le
camp adverse. Les fields ops s'occupent notamment de l'artillerie et
des munitions, tandis que les covert ops sont spécialisés dans
l'infiltration et le sabotage. Chacun peut ainsi jouer de la façon
qu'il préfère : les soldats couvrent les ingénieurs pendant qu'ils
construisent pont et tourelles ou les covert ops pendant qu'ils
piratent un système, les médecins et fields ops réapprovisionnent tout
le monde en santé et munitions... Une bonne coordination entre les
différentes classes est donc nécessaire pour progresser.
A l'intérieur du Cyclops. Ce mecha est le véhicule le plus puissant des Stroggs.
Tout ce beau monde dispose également de véhicules pour les aider dans leur tâche. Ils sont très variés, allant des petits monoplaces rapides aux
gros blindés embarquant plusieurs passagers, et peuvent être aussi bien
terrestres que navals ou aériens. Côté GDF, on trouve en vrac : le
Titan, tank lourd puissant mais peu maniable, un quad et deux types
d'hélicoptères. Les Stroggs ont une sorte de jet-pack, l'Icarus, ainsi
que le Cyclops, un mecha dévastateur. La conduite de tous ces véhicules
reste très simple, on maîtrise la plupart en quelques minutes
d'utilisation. Ils sont utiles, mais absolument pas prédominants comme
dans la série Battlefield, car ils sont finalement rapidement
vulnérables aux tirs des soldats ou des tourelles d'une part, mais
aussi car il y a beaucoup de bâtiments, et donc une bonne partie des
combats se déroule en intérieurs. Enemy Territory : Quake Wars reste
donc un jeu qui fait la part belle à l'infanterie, et c'est aussi bien
ainsi.
A gauche de la carte on peut voir les différents bonus gagnés grâce à l'expérience.
Autre différence avec Battlefield 2 : le système d'expérience. Celle que l'on
gagne au combat n'est pas persistante, elle est donc remise à zéro au
début de chaque map ou de chaque campagne (une série de 3 maps). Ça
évite de trop désavantager les nouveaux joueurs, puisque tout le monde
repart sur un pied d'égalité régulièrement. Il y a tout de même des
grades et des médailles qui sont conservés, mais c'est uniquement
honorifique. L'expérience se gagne en réalisant les objectifs
principaux, mais également en accomplissant des missions secondaires.
Un soldat devra par exemple détruire une tourelle ou un radar, un
ingénieur devra au contraire en déployer pour aider son équipe. Les
points gagnés se répartissent dans quatre catégories différentes en
fonctions des actes du joueur : armes légères, véhicules, sens de la
bataille et les compétences spécifiques à chaque classe. Ils octroient
divers bonus, citons entre autres une vitesse de rechargement ou de
déplacement accrue, ou une protection supplémentaire. C'est plutôt
pratique, et ça incite à réaliser les objectifs plutôt que de courir
bêtement après un score de frag qui n'est d'ailleurs même pas affiché.
Tout est vraiment fait pour récompenser le travail d'équipe et non les
actes de bravoures personnels.
En fin de partie, les joueurs qui se sont distingués en bien ou en mal sont gratifiés d'un titre.
Bref, Enemy Territory : Quake Wars, nouveau messie du jeu multijoueur en
équipes ? Attendons un peu avant de conclure hâtivement, car il est
difficile de juger le jeu sur un seul niveau. Son éventuel succès
dépendra en grande partie du nombre de maps et de leur qualité dans la
version finale. De plus, le jeu n'est pas exempt de défauts. L'aspect
visuel est très propre, mais le jeu est relativement gourmand, il
faudra alors baisser le niveau de détails sur les configurations
modestes, rendant les graphismes beaucoup moins jolis à regarder. On
peut également regretter que les affrontements soient limités à 24
joueurs seulement. Quelques bugs sont à déplorer, et l'équipe qui
défend a trop souvent l'avantage sur l'attaquant. Mais il faut garder à
l'esprit que ce n'est qu'une bêta, on peut donc espérer une
optimisation et un rééquilibrage d'ici la sortie. En attendant, c'est
déjà très prometteur en l'état. Verdict fin septembre.
Pour des raisons techniques, les captures d'écrans qui illustrent ce test ont été prises au niveau de détails "Moyen".