Sarkozy instaure une taxe carbone pour lutter contre le réchauffement climatique
Nicolas Sarkozy a annoncé jeudi dans l'Ain la mise en place, à partir de 2010, d'une "taxe carbone", compensée "intégralement" par des baisses d'impôts et destinée à encourager les Français à consommer plus propre, pour lutter contre le réchauffement climatique.
Le président de la République a profité d'un déplacement dans l'Ain, où il a visité à Culoz une usine de pompes à chaleur, la Compagnie industrielle d'applications thermiques (Ciat), pour annoncer, depuis Artemare, ses arbitrages sur une taxe qui suscite l'hostilité d'une majorité de Français et divise profondément la gauche comme la droite.
Pour donner de la solennité à sa démarche, il était accompagné de plusieurs ministres: Jean-Louis Borloo (Ecologie), Eric Woerth (Budget), Christine Lagarde (Economie), ainsi que la secrétaire d'Etat à l'Ecologie Chantal Jouanno.
Cette taxe, qui entrera en vigueur le 1er janvier 2010, sera "progressive" et sera fixée "au départ" sur la base de 17 euros la tonne de CO2, aussi bien pour les ménages que pour les entreprises. Elle ne concernera pas l'électricité - ce que demandaient les Verts et le PS notamment - mais uniquement les énergies fossiles (pétrole, fioul, gaz).
Le président s'est basé sur le prix du marché, relevant au passage que c'était son Premier ministre François Fillon qui avait proposé cette base de calcul.
Sur cette base, "la taxe carbone représentera déjà un effort significatif (...) près de 4,5 centimes par litre de fioul et de gasoil, 4 centimes par litre d'essence et environ 0,4 centime par KWh de gaz", a fait valoir M. Sarkozy.
Il a également justifié le caractère progressif de cette taxe en estimant "normal" que'elle soit "plus élevée dans quelques années lorsque les comportements auront eu le temps de s'adapter".
Le chef de l'Etat n'a pas voulu retenir la proposition de la conférence d'experts présidée par Michel Rocard, qui recommandait un prix de référence de 32 euros par tonne. Cela "aurait été un montant trop élevé en période de crise", a dit le président, qui a néanmoins rendu un hommage appuyé à l'ancien Premier ministre socialiste, "un homme honnête, intelligent", un homme "d'ouverture".
Il a en revanche stigmatisé une autre socialiste, sans la nommer, Ségolène Royal. Selon lui, l'ancienne candidate à la présidentielle de 2007, qui, comme lui, avait signé le pacte de Nicolas Hulot, a "renié sa parole" en se déclarant opposée à la taxe carbone.
Alors que les deux-tiers des Français y sont également opposés, selon un sondage publié jeudi dernier, et que droite et gauche sont divisées sur le sujet, l'Elysée a certifié que cette taxe serait "intégralement compensée par la baisse d'autres prélèvements" (réduction d'impôts sur le revenu ou chèques verts pour ceux qui n'en paient pas). "La création de la taxe carbone se fera sans dommage pour le pouvoir d'achat des français et sans pénaliser la compétitivité de nos entreprises", a promis M. Sarkozy.
Il a chargé le gouvernement d'étudier les moyens pour éviter que cette taxe ne pénalise excessivement la compétitivité des entreprises particulièrement dépendantes des carburants, comme la pêche, l'agriculture ou les transports.
M. Sarkozy a annoncé en outre la création d'une commission indépendante chargée de garantir "une transparence totale sur les compensations", une proposition du groupe d'experts.
A ses yeux, cette taxe représente "la première étape d'une révolution fiscale appelée à se déployer sur plusieurs décennies".
Source : L'internaute actualités