Infanticides d'Aix-en-Provence: 10 ans de réclusion pour la mère, 20 ans pour son mariMPaul Steijns accusé d'avoir administré en 2005 une dose mortelle de médicaments à ses enfants de 8 et 7 ans. Le couple, qui risque la perpétuité, Marie-Hélène Martinez et son époux Jean-Paul Steijns ont été condamnés vendredi à respectivement 10 et 20 ans de réclusion criminelle par la cour d'assises des Bouches-du-Rhône pour avoir empoisonné en 2005 les enfants de Mme Martinez.
Marie-Hélène Martinez et son époux Jean-Paul Steijns ont été condamnés vendredi à respectivement 10 et 20 ans de réclusion criminelle par la cour d'assises des Bouches-du-Rhône pour avoir empoisonné en 2005 les enfants de Mme Martinez.
Le verdict a été rendu après quatre heures de délibérations, à l'issue d'un procès complexe et lourd en émotions qui n'a pas permis de lever le mystère sur le rôle de la mère.
L'avocat général, Joachim Fernandez, avait requis une peine de 30 ans de réclusion criminelle à l'encontre de l'un et l'autre des deux accusés. Elle, jeune femme blonde diaphane, qui comparaissait libre, s'est effondrée en larmes. Lui, Jean-Paul Steijns, cheveux longs ramenés en catogan, est resté impassible, comme il l'a été tout au long de la semaine.
Dans la salle, comble, la tante des enfants a lancé à Mme Martinez: "Crève, crève en prison!" avant d'être victime d'un malaise. "Il faut qu'elle fasse perpétuité. Dix ans, c'est rien pour une mère qui a empoisonné ses enfants", a réagi un autre membre de la famille, tandis que la grand-mère pleurait en silence.
L'avocat de la mère, Me Gilbert Collard, a immédiatement annoncé qu'elle faisait appel de la décision. "C'est une peine qui pourrait être acceptable, a-t-il déclaré, mais dans la mesure où notre cliente est innocente, on fait appel, on va se battre jusqu'au bout, même si nous prenons un risque énorme".
De son côté, Me Michel Pezet, qui défendait M. Steijns, s'est dit "satisfait": "la cour d'assises n'a pas retenu la préméditation, la peine est inférieure de 10 ans aux réquisitions". "On va rester sur un néant, une incompréhension totale", a-t-il toutefois regretté, pointant les nombreuses zones d'ombres qui demeurent dans cette affaire.
Les cadavres de Mélissa et Jason, 8 et 7 ans, avaient été retrouvés en octobre 2005 dans le coffre de la voiture de leur mère.
M. Steijns avait assumé dans un premier temps l'entière responsabilité, expliquant qu'il voulait les "endormir" pour se suicider ensuite, avant d'avouer les faits début 2007 et d'accuser sa femme d'être l'instigatrice.
Dans la salle, comble, la tante des enfants a lancé à Mme Martinez: "Crève, crève en prison!" avant d'être victime d'un malaise.
Selon l'avocat général, "ils ont empoisonné d'un commun accord leurs enfants" en leur servant un plat de cannellonis truffés de médicaments.
"Pour elle, il faut que vous n'ayez aucune compassion, parce que cette femme est séductrice, manipulatrice", avait-il martelé dans un réquisitoire très dur.
D'autant plus, a-t-il rappelé, que "ce drame a commencé bien avant", puisque les enfants étaient drogués depuis plusieurs mois, comme l'ont révélé les analyses toxicologiques.
Les cadavres de Mélissa et Jason, 8 et 7 ans, avaient été retrouvés en octobre 2005 dans le coffre de la voiture de leur mère.
Le couple Steijns a été décrit comme "fusionnel", vivant en huis clos dans une relation "mythomaniaque": ils ont progressivement coupé les ponts avec leur entourage après leur mariage en 2003, n'ont pas scolarisé Mélissa et Jason pendant un an et les ont tenu dans le même temps éloignés de leur père biologique, Antoine Correlejo, tout en menant grand train.
"L'irruption du réel" dans ce "conte de fées", avec les difficultés financières, l'expulsion qui se profile, "va convaincre ces deux-là de commettre l'irréparable", a assuré M. Fernandez.
Une thèse qui ne tient pas la route pour Me Collard qui a dénoncé "une justice qui ne sait pas aller au fond des âmes". "Où est chez cette mère le mobile?", s'est-il interrogé. "Tous les experts ont abouti à la même conclusion: immaturité, crédulité, infantilité, dépendance", a-t-il rappelé: "le seul qui pouvait tout tenter pour que la réalité lui obéisse, le seul c'est lui", son mari dépeint comme "un affabulateur, un escroc, un menteur chronique".