APRES RIBÉRY, VALBUENA, SAVIDAN : BEN KHALFALLAH
Par Thomas GOUBIN
Recruté par le SM Caen pour occuper la place laissée vacante par Yoan Gouffran,
Fahid Ben Khalfallah, bientôt 26 ans, jouait encore en National il y a
deux saisons. Portait d'un joueur hors normes.
Fahid Ben Khalfallah, ici sous le maillot d'Angers, peut être une révélation cette saison. (L'Equipe)
Le 1er aout, Fahid Ben Khalfallah reprenait le chemin de la Ligue 2 avec
le club qui l'avait subitement révélé, le SCO d'Angers. Bien loin des
fastes de l'étage supérieur. Deux saisons auparavant, il s'ébrouait en
National, à Laval. En 1999, à dix-sept ans, quelques mois avant
qu'Amiens le repère, le talentueux milieu offensif se contentait de
prendre du plaisir en CFA 2 avec Péronne (Somme) et son coeur balançait
entre fac d'économie ou filière STAPS, en cette année de baccalauréat.
Bien que doué balle aux pieds, cet enfant de parents tunisiens n'a
jamais rêvé de faire du football un gagne-pain. A la veille de ses
probables débuts en Ligue 1 face à Monaco, samedi, celui que les
Angevins surnomment ''le petit Ribéry'' savoure le chemin parcouru et
ne regrette pas d'accuser quelques années de retard sur ses collègues
de travail passés par un cursus classique. «
Je suis très heureux de
ne pas avoir fait de centre de formation, d'avoir vécu une jeunesse
normale, d'avoir poursuivi mes études. J'ai beaucoup d'amis en dehors
du foot, le jour où ce sera fini je ne me retrouverai pas face au vide».
De cette trajectoire atypique, de son éclosion tardive mais
spectaculaire, et de son attachement pour le SCO, il a pu deviser avec
Steve Savidan, la recrue phare de l'intersaison malherbiste, avec qui
il pourrait former un duo offensif détonnant.
L'OM sur les rangs«
Franck Dumas m'a demandé d'apporter ma vitesse, mes qualités de percussion sur le flanc droit, comme à Angers», témoigne-t-il. Ben Khalfallah arrive dans le Maine-et-Loire à l'intersaison 2007. Il se révèle en moins de six mois. Avec son compère d'attaque, Paul Alo'o Efoulou, le milieu offensif affole les défenses à l'aide de son indomptable mètre 74. Au mercato d'hiver, les clubs de l'élite se bousculent : Saint-Etienne - il a eu Bernard Caïazzo au téléphone -, Nice, Lorient, et même l'OM, le club de ses rêves, manifestent leur intérêt. Désireux de boucler la saison avec Angers, le percutant milieu repousse l'heure de la décision au mois de juin. Faute
d'offres satisfaisantes, il finit par rempiler à Angers, avec la garantie de pouvoir s'envoler si une fenêtre assez large vient à s'ouvrir. «
Je ne voulais pas de la Ligue 1 à tout prix. Faire le nombre dans un effectif ne m'intéressait pas».
Après un premier contact en décembre, les dirigeants du SM Caen
reviennent finalement à la charge le jour de la reprise de la L1. Pour
près de deux millions d'euros, l'affaire est ficelée. Le 12 août, il
signe son contrat, conclusion d'une semaine idyllique. «
Ma femme
venait d'apprendre qu'elle attendait un heureux événement, et un membre
du staff de la Tunisie m'avait appelé pour discuter d'une éventuelle
sélection». En décembre déjà, Roger Lemerre, alors à la tête des Aigles de Carthage, était venu le sonder.
En formation continueDenis Troch, l'entraîneur qui l'a découvert, tente d'expliquer la lente maturation de son ex-protégé. «
Quand je l'ai pris à Amiens, c'était un Pacman, capable de manger énormément. Mais il lui a fallu du temps pour digérer et optimiser la gestion de
ses quatre poumons». En 2004, suite au départ de Troch, le milieu
offensif se retrouve relégué sur le banc. Alors que certains
s'épanchent dans les journaux ou ruminent férocement, Ben Khalfallah,
lui, reprend ses études. Il opte pour un diplôme universitaire de
gestion des organisations sportives, qu'il obtiendra une fois à Laval,
où il rejoint . Denis Troch. A Angers, c'est le discours de
l'entraîneur, Jean-Louis Garcia, qui le décomplexe définitivement : «
Il
me disait de toujours tenter. Si je ratais deux fois, d'essayer une
troisième. Il me donnait tellement confiance que je devais la lui rendre».
Comme Pagis, Ribéry, Valbuena, ou Savidan, autres joueurs ayant mariné
dans les divisions inférieures avant de révéler leur potentiel, le
Picard fonctionne «
à l'affectif». «
Moi comme Steve, si on a
choisi Caen, c'est qu'on veut avant tout se faire plaisir dans un club
ambitieux mais toujours familial. On n'est pas sevré de foot, on
conserve une fraîcheur mentale». De quoi enrhumer bien des défenses. Dès samedi à Monaco ?
Source : L'equipe.fr